Permission de vivre (French Edition) by Venusia A. & VD Prin

Auteur:Venusia A. & VD Prin [A., Venusia]
La langue: fra
Format: epub
Éditeur: Variance
Publié: 2019-03-06T23:00:00+00:00

Aux abords des toilettes, ils s’arrêtèrent afin de s’organiser et en profitèrent pour déterminer un point de ralliement. Renaud prit ensuite la direction des lavabos pour dames. Anthony le retint par le bras :

– Tu tiens vraiment à attirer l’attention ?

– Je n’y peux rien s’ils ne pensent pas aux personnes comme nous, se plaignit-il à juste titre.

– C’est pas faux. Mais tu as plus de risques de déclencher la panique en entrant chez les femmes en tant qu’homme que le contraire. Les mecs seront plus enclins à te draguer qu’autre chose.

– Tu as probablement raison.

– J’attendrai que tu finisses, histoire que tu ne te retrouves pas seule, lui signifia-t-il en lui faisant signe de passer devant lui.

– D’accord. Heureusement que tu es là…

Les toilettes étaient pratiquement vides. Anthony se soulagea puis se lava les mains. En entendant le bruyant soupir de béatitude derrière l’une des portes, un sourire se dessina sur ses lèvres. Pendant que Renaud s’habillait, celui-ci papotait à travers le panneau et Anthony put constater qu’au fil des minutes qui passèrent, sa voix s’élevait dans les aiguës et mutait vers celle qu’il avait toujours connue.

– Ça va, tu te sens mieux ? demanda Anthony.

– Ça fait du bien de se retrouver, annonça Renata. Par contre, je n’avais pas mis de soutien-gorge et j’ai oublié d’en prendre un, déclara-t-elle au même instant où un homme âgé entrait dans les sanitaires.

Anthony s’empressa de lui rappeler qu’ils n’étaient pas seuls au monde.

– Bonjour, monsieur. Sauriez-vous me dire s’il y a un distributeur de billets sur cette aire ?

L’homme réfléchit quelques secondes et secoua la tête :

– Aucune idée.

– Ce n’est pas grave, merci.

Renata comprit qu’elle devait la mettre en veilleuse. Après quelques derniers ajustements, elle tourna le loquet de la porte. Elle fourra les anciens vêtements en boule dans le sac plastique puis s’admira devant le miroir.

– Tu es parfaite, la rassura Anthony. Même tes…

– Mes quoi ?

– Euh… Tes tu-sais-quoi qui n’ont pas besoin de… push-up, marmonna-t-il à voix basse.

– Je te trouve très au courant sur ces choses-là.

– Tu tiens vraiment à avoir ce genre de conversation, ici, au milieu de ces odeurs d’urine ?

Renata qui tirait la peau de son visage dans tous les sens devant le miroir avec des grimaces de dépit ne chercha pas à répondre.

« Sans maquillage, je suis horrible », songea-t-elle.

– On ne peut pas s’attarder trop longtemps, la pressa-t-il.

– OK, d’accord ! J’ai faim, de toute façon…

Et sans rien ajouter, elle sortit des toilettes, Anthony sur ses talons. Une femme âgée qui attendait visiblement quelqu’un se tourna brusquement vers eux d’un air désapprobateur :

– Vous n’avez pas honte de faire des cochonneries dans les toilettes des hommes ? À vos âges, vous devriez plutôt donner l’exemple.

Renata s’apprêtait à l’envoyer sur les roses, mais Anthony l’en dissuada en la prenant par le bras et la tirant derrière lui tout en lançant une vague excuse à la femme.

– C’est juste un malentendu. Excusez-nous.

– Sale petite vicieuse !

Renata refusa de fermer les yeux sur l’insulte.

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